Les épis de faîtage

Dans la Maison du Patrimoine de Terrasson-Lavilledieu, en Dordogne, on peut voir au dernier étage une curieuse exposition consacrée aux épis de faîtage. Il s'agit d'ornements placés aux extrémités du faîtage d'une toiture, au point de rencontre des poutres de charpente, ou bien à la pointe d'un pigeonnier.

Également appelés poinçons, ils existent en Europe depuis fort longtemps: au onzième siècle, ils se présentent comme des pots de terre retournés sur la tapisserie de Bayeux. Leur forme varie selon l'époque et la région. Ils doivent résister au gel; ils sont donc en terre cuite vernissée ou en faïence émaillée; seuls les nobles avaient le droit d'avoir des épis en plomb, souvent surmontés d'une girouette (privilège royal!)

L'épi comporte trois parties:

-l'embase de fixation;

-l'élément central: boules, coupes ou vases décorés séparés par des éléments intermédiaires;

-le couronnement, souvent un oiseau.

Ces éléments emboîtés sont enfilés sur une tige métallique fichée dans la charpente. On remarque que le décor ressemble fréquemment à des rhizomes d'iris; ce n'est pas un hasard: on en plantait au sommet des toits de chaume pour les fixer Le poinçon est donc un souvenir de l' iris.

Quelle est la fonction de l'épi de faîtage? D'abord, il a une fonction utilitaire: il assure l'étanchéité de la toiture à un endroit problématique. Puis, il a une fonction esthétique: il contribue à l'élégance du toit. Ensuite, il a une fonction sociale: le propriétaire de la maison montre fièrement son état de fortune. Enfin, il a une fonction symbolique, unissant la terre au ciel; ce serait une sorte de pierre levée.

Cette dernière hypothèse me séduit particulièrement.

Ces épis se trouvent sur des toits dans le centre ancien de Terrasson.