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Au has'art

Poutine, l'itinéraire secret de Vladimir Fédorovski

16 Mai 2015 , Rédigé par Francoise Ccc Publié dans #Littérature

Qui est Vladimir Poutine? Tout le monde s'est déjà posé la question. Pour certains, c'est le diable, pour d'autres un génie. Il est très difficile à appréhender car d'un naturel très réservé ; en outre, son passage au KGB l'a accoutumé à dominer complètement sa communication.

Vladimir Fédorovski, diplomate russe naturalisé français en 1995, nous propose ici une étude du personnage Le titre « Poutine » fait penser à une biographie, non autorisée; mais le sous-titre « l'itinéraire secret » éclaire son orientation: elle est historique, ce qui n'a rien d'étonnant. L'auteur est un historien, et aussi on opposant à Poutine. Il a déjà parlé avec lui et a connu beaucoup de gens qui l'ont approché.

On peut distinguer deux parties assez différentes dans ce bref essai : dans un premier temps, c'est l'ascension de Poutine et dans un second, c'est Poutine maintenant.

Dans la première partie, Fédorovski raconte la vie de Poutine depuis sa naissance avec en toile de fond la fin de l'Union Soviétique et les débuts de la Russie actuelle. Ainsi nous apprenons qu'il est issu d'un milieu quasiment miséreux, qu'il a été un enfant difficile, puis un étudiant brillant .Quelques faits inattendus sont mentionnés: passionné dans sa jeunesse par les films d'espionnage, il s'était rendu au siège du KGB pour proposer se services: on lui avait alors conseillé de commencer par faire des études! Ou bien on apprend avec étonnement que par amitié pour Anatoli Sobtchak, maire de Saint- Pétersbourg, il a risqué sa carrière en organisant sa fuite. Ce geste suscita non pas l'ire d'Eltsine mais son admiration. On est en Russie!

L'itinéraire de Vladimir Poutine a été discret: agent du renseignement à Dresde, adjoint au maire démocrate de Saint-Péresbourg, gestionnaire de cette même ville, haut fonctionnaire au Kremlin, premier ministre lors d la seconde guerre de Tchétchénie, il a toujours su jouer habilement des différents clans.

Dans cette première partie, un lecteur moyen apprend beaucoup de choses sur ceux qui ont précédé Poutine, sur Krouchtchev que Fédorovski qualifie de criminel stalinien, sur Brejnev qui aurait été un homme de paille pour un groupe d'hommes qui dirigeaient l'URSS, sur les oligarques dont l'archétype est Boris Bérézovsi. La direction de l'URSS puis de la Russie semble à un Européen d'une complexité byzantine, avec des alliances contre nature, des histoires de mafieuxet en même temps, on n'est pas loin de la cour des tsars.

Quand on aborde la seconde partie, on se dit que l'auteur sort du sujet. Mais non. Voilà un homme qu'un clan a porté au pouvoir en croyant le « tenir » , puis la situation leur a totalement échappé. Que pense cet homme? Quelles sont ses idées directrices? A-t-il des modèles en tête? Il semble que pour lui, il y ait une continuité de la Russie des tsars à la Russie actuelle en passant par la période soviétique. Dans ce contexte, l'église orthodoxe joue un rôle d'unificatrice du peuple russe. Le deuxième personnage le plus important de Russie n'est donc pas, comme on l'imagine, le premier ministre Dmitri Medvedev, mais Cyrille, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, lequel serait, d'après Fédorovski, un ancien du KGB comme Poutine! Il paraît que c'était dans le passé une obligation pour être promu dans l'église orthodoxe russe. La défense de l'église chrétienne et de ses valeurs devient donc capitale. Quant à l'Ennemi, c'est l'islamisme : le cauchemar pour Poutine et les Russe, ce serait que l'islamisme se répande dans le Caucase et en Asie centrale.

Quelle est la position de Poutine vis-à-vis de ses voisins? Jusqu'à maintenant, suivant une tradition qui remonte à Pierre le Grand, il était tourné vers l'Europe en particulier vers l'Allemagne (il a envoyé ses deux filles à l'école de l'ambassade d'Allemagne), la Chine étant une puissance dont les Russes se défient.

C'est dans le domaine de la politique intérieure que Fédorovski est le plus critique car le régime est très autoritaire et que , malgré des progrès, la corruption perdure. Il pense que le modèle de Poutine est Youri Andropov surnommé « l'autocrate réformateur » et que pour lui, la fin justifie les moyens. Quelquefois, par exemple à propos de ce que Poutine pense de Staline, l'auteur se laisse aller à des suppositions mais dans l'ensemble, il est prudent; quand il ne sait pas, il ne prend pas position comme pour ce qui est de l'hypothétique fortune de Poutine ou de la mort de Litvinenko.

C'est cette retenue qui rend ce livre intéressant.

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